Il Trionfo dell’Onore – Scarlatti

Hommage à Alessandro Scarlatti pour le tricentenaire de sa mort

Le Teatro Malibran de Venise a célébré avec éclat le tricentenaire de la disparition d’Alessandro Scarlatti en mettant en scène Il trionfo dell’onore, son unique commedia per musica. L’œuvre, oscillant entre le burlesque et le lyrisme sentimental, trouve un écho particulier dans ce théâtre intime, où le public, plongé dans une scénographie aux décors naïfs peints à la main, découvre un spectacle à la fois vif et audacieux.

Dès l’ouverture, rapide et nerveuse, l’énergie du chef Enrico Onofri insuffle une vitalité irrésistible à l’Orchestra del Teatro La Fenice, préparant le terrain pour une intrigue rocambolesque et des numéros vocaux étincelants. Le rôle de Riccardo Albenori, le séducteur repenti, est interprété avec une virtuosité déconcertante par Giulia Bolcato, dont la vocalité agile s’illustre particulièrement dans Con quei occhi, où les ornements flamboyants soulignent le tempérament changeant du personnage.

Les numéros d’ensemble sont un des points forts de cette production. L’excellent duo Tengo un voto entre Leonora (Rosa Bove) et Erminio (Raffaele Pe) démontre une parfaite alchimie vocale, oscillant entre éclats de tendresse et éclats comiques. Mention spéciale au trio final du deuxième acte, un moment de concertato d’une grande fluidité, où le contrepoint scarlattien atteint un raffinement exquis.

L’une des trouvailles scéniques les plus réjouissantes est l’intégration du rôle travesti buffo de Cornelia Buffacci, interprété avec panache par Luca Cervoni. Sa présence déchaîne l’hilarité, notamment dans Daranno al petto, où le phrasé virtuose et les inflexions comiques s’associent à un jeu scénique ébouriffant.

L’humour n’exclut pas la finesse musicale. L’aria Amor mi consola, délicieusement ornementée, s’impose comme un moment de grâce suspendue, sublimée par Francesca Lombardi Mazzulli en Doralice, à la fois touchante et espiègle.

Enfin, la mise en scène de Stefano Vizioli joue habilement avec les codes de l’opera buffa, exploitant les contrastes entre bouffonnerie et sincérité. L’utilisation de lumières vives et de costumes aux tons chatoyants renforce le côté festif de la production, tout en laissant transparaître les nuances subtiles de cette satire sociale.

En somme, cette représentation d’Il trionfo dell’onore prouve que l’héritage de Scarlatti reste vivant, irrésistiblement moderne dans son regard sur les travers humains. Une redécouverte jubilatoire, menée par une distribution éclatante et une direction musicale inspirée. Un triomphe assuré pour le Malibran !

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