Assassini, Assassinati - Repicco
©Bertrand Pichène Afficher les détails Masquer les détails Coffret avec livret bilingue (français-anglais) et notice de Jean-François Lattarico, un CD , durée totale : 61 minutes. Ambronay Editions - 2017
Compositeurs
- Ignazio Albertini (1644-1685)
- Biagio Marini (1594-1663)
- Bellorofonte Castaldi (1581-1649)
- Giovanni Antonio Pandolfo Mealli (1631-1669)
- Alessandro Stradella (1639-1682)
Chanteurs/Interprètes
- Ensemble Repicco :
- Kinga Ujszászi (violon)
- Jadran Duncumb (théorbe)
Pistes
- 1.12 Violin Sonatas : Sonata N°. 1 - Ignazio Albertini
- 2.Capriccio per sonare il violino con tre corde a modo di lira, Op. 8 - Biagio Marini
- 3.Sonata settima - Bellorofonte Castaldi
- 4.6 Sonatas, Op. 4 : IV. La Biancuccia - Giovanni Antonio Pandolfo Mealli
- 5.Theorbo improvisation - Anonymous
- 6.Sinfonia N° 2 - Alessandro Stradella
- 7.Violin Sonata, Op. 3: I. La Stella - Giovanni Antonio Pandolfi Mealli
- 8.Sinfonia N°. 9 - Alessandro Stradella
- 9.12 Violin Sonata : Sonata N°. 3 - Ignazio Albertini
- 10.Violin improvisation - Anonymous
- 11.Sinfonia N°. 5 - Alessandro Stradella
- 12.Furioso Corrente - Bellorofonte Castaldi
- 13.Violin Sonata, Op. 3: V. La Clemente - Giovanni Antonio Pandolfi Mealli
L'art du violon au SeicentoDepuis 2015 et le prix du public remporté haut la main, lors du Festival eeemerging d'Ambronay, nous attendions l'enregistrement du jeune ensemble Repicco (en italien, une ornementation utilisée à l'époque baroque, assez proche de la trille mais plus complexe et variée), tant cet ensemble nous avait impressionné par sa justesse d'interprétation et sa connivence. Le CD vient de paraître aux Editions d'Ambronay.
Le résultat, concocté par les deux musiciens, Kinga Ujszászi, violoniste jouant sur un violon Antonio Gragnani de 1784 et Jadran Duncumb, théorbiste touchant une copie de Brendan Hirst de 1989, est d'une qualité exceptionnelle. Intitulé Assassini, Assassinati (Assassins, assassinés) le programme, très proche de celui du Festival eeemerging, met à l'honneur des créateurs italiens du Seicento, tous (excepté Marini) mêlés, de près ou de loin, à de sombres affaires de sang. Si certains des compositeurs présentés comme Marini (1594-1663) ou Stradella (1639-1682) sont assez présents, dans différents styles musicaux, chez plusieurs labels, d'autres sont beaucoup plus rares comme Mealli (1631-1669), déjà donné par Andrew Manze en 2009 chez Channel Classic, Albertini (1644-1685), exploré par Hélène Schmitt en 2002 pour Alpha, ou Castaldi (1581-1649) par Diego Cantalupi pour Tactus en 2013. Mais rarement une telle qualité musicale, technique et stylistique nous a été proposée.
Six des compositions enregistrées sont nommées sonates, certaines parmi les sept autres, pouvant facilement s'y rattacher. A l'époque baroque, une sonate (ou plus précisément Sonata da camera) est, en général, une composition en trois ou quatre mouvements (souvent des mouvements de danse) organisés autour d'un ou plusieurs instruments mélodiques avec continuo. C'est essentiellement en Allemagne et Autriche, dans les années 1650 - 1700 que cette forme a été développée surtout par Biber et Shenck. Même Brossard, dans son Dictionnaire de 1715, cite celles de Corelli comme particulièrement importantes. Enfin, il ne faut pas confondre ces Sonata da Camera avec la Forme Sonate, qui se développera plus tard au cours des périodes Classique et Romantique.
Si la formation, de seulement deux interprètes, aurait pu faire craindre une interprétation minimaliste ou un abord austère, il n'en est rien, bien au contraire ! Le climax de cet enregistrement est le Capriccio de Baggio Marini (plage 2), habilement arrangé par Repicco, le résultat est d'une musicalité extrême par son jeu en imitation. Le violon, tour à tour délicat ou tumultueux égrène à n'en plus finir des mélodies, pleines de passions comme autant d'airs d'opéras, accompagné par un théorbe enlaçant amoureusement le violon. Autre temps fort, la sonate Op. 4 n° 4 de Giovanni Antonio Pandolfi Mealli (qui est extraite de l'un des deux cahiers de sonates pour violon et basse continue qu'il nous reste du compositeur), portant le nom d'un chanteur d'époque (Giovanni Giacomo Biancucci) (plage 4) est un pur chef-d'œuvre, heureusement redécouvert ici. Les deux interprètes montrent dans cette difficile composition, non seulement de grandes qualités de technique instrumentale, mais aussi un art du dialogue et une rare virtuosité (sans que jamais le violon ne cède à une trop facile affectation) dans le stylus phantasticus, hérité de Merulo ou de Froberger, à la même époque.
Un enregistrement à écouter au plus vite pour retrouver ce qu'était l'art du violon italien au XVIIème, le tout dans un enregistrement numériquement bien équilibré pour ce qui est de la captation des instruments. Le livret, rédigé par Jean-François Lattarico (en français et anglais), est extrêmement bien documenté et agréable à lire. Un seul bémol pour ce CD, la durée de l'enregistrement, seulement soixante minutes, on aurait voulu que le plaisir se prolonge. Mais si vos pas vous emmènent du côté du festival de Noël d'York, le 10 décembre prochain, vous aurez la chance d'écouter ce programme en live. Nous attendrons donc, avec impatience, le prochain enregistrement de l'ensemble Repicco.
Publié le 24 oct. 2017 par Robert Sabatier