Baroque

Baroque ©Hubert Fanthomme/Paris Match/Scoop
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Un baroque aux mélodies raffinées…

Dès la découverte de ce coffret, à la présentation élégante, l’auditeur sait déjà que son contenu révélera tout autant de délicatesse grâce au choix des compositeurs tels que Bach, Haendel, Monteverdi, Rameau et celui de l’interprète en la personne de Natalie Dessay. La soprano sait par ailleurs s’entourer de deux chefs dont la renommée n’est plus à faire, Emmanuelle Haïm et William Christie. Nathalie Dessay offre généreusement sa voix pour défendre la musique baroque. Dotée d’une grâce innée, elle joue de ses couleurs vocales pour magnifier la ligne de chant.
La cantate n° 51 de Bach, dirigée par Emmanuelle Haïm à la tête de l’ensemble Le Concert d’Astrée offre à la soprano d’asseoir avec brio son habileté vocale. Le récitatif en la mineur Wir beten zu dem Tempel an mérite une écoute attentive. Il pourrait porter avec aisance le terme d’arioso puisque la partie vocale expose une nature mélismatique – répartition d’une durée musicale longue en un groupe de notes de valeur brève. Toujours en la mineur, l’aria Höchster, mache deine Güte affirme sans conteste l’expressivité de la soprano soutenue par le sublime continuo des cordes. Le mouvement final, un Alleluja fugato en do majeur, insuffle grâce au jeu flamboyant de la trompette, une couleur radieuse à cette cantate.
Relevons au passage le divin Amor du Lamento della ninfa monteverdien, dans lequel les interprètes insufflent une ardente théâtralité liant la poésie des instruments au lyrisme de la voix. La voix, au timbre clair et élégant, atteint des sommets vertigineux dans l’air Un pensiero voli in ciel de Il Delirio Amoroso de Haendel : les notes hautes fusent avec générosité, sans pour autant perdre de leur justesse. Les cascades de vocalises aux aigus les plus séduisants continuent de jaillir sous la baguette de William Christie, maestro des Arts Florissants, lors de l’air de Morgana Tornami a vagheggiar (Alcina de Haendel, scène 14 Acte I).
Emmanuelle Haïm donne une lecture grandiose de Il Trionfo del Tempo e del Disinganno du Cher Saxon. Elle rehausse cette oeuvre en apportant de la sensualité aux cordes, de la vitalité aux articulations tout en dynamisant le continuo. Cette métamorphose est couronnée par l’aria Tu del ciel ministro eletto, dans lequel la soprano exprime tout en retenue et en souplesse son art du drame. Son timbre clair nous suspend à ses respirations : plaisir divin ! Les ralentis imposés par Haïm confèrent à cet oratorio une émotion forte mais qui demeure cependant sobre : à la dernière note, le silence s’impose !
Le bonus contenu dans le DVD immortalise une belle rencontre. Marie-Agnès Gillot, étoile du ballet de l’Opéra de Paris, donne vie au Credete al mio dolor interprété par la soprano. La danse et le chant emmènent l’art dramatique à son plus haut niveau expressif.
Tout au long de l’écoute, la finesse de l’interprétation vocale et instrumentale donne le « La » dans une vitalité naturelle. Les artistes s’accomplissent pleinement pour le plus grand plaisir des auditeurs. La musique baroque y est magnifiée, poussée au raffinement le plus précieux sans pour autant sombrer dans l’ostentation.

Publié le 26 janv. 2016 par Jean-Stéphane SOURD-DURAND