Le violon et l'Oiseau
©Ensemble Artifices / Illustrations: Victoria Morel Afficher les détails Masquer les détails Livret-CD (français), Durée: 36'00 , Editions Seulétoile Artifices, 2019
Compositeurs
- Christoph Graupner (1683-1760)
- Modeste Moussorgski (1839-1881)
- Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704)
- François Couperin (1668-1733)
- Giuseppe Giamberti (1600-1663)
- Louis-Claude Daquin (1694-1772)
- Camille Saint-Saëns (1835-1921)
- Jacques Hotteterre (1674-1763)
- William Williams (1675-1701)
- Henry Purcell (1659-1695)
- Jean-Féry Rebel (1666-1747)
- Robert Orme ( ? -1711)
- Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
- Theodor Schwartzkopff (1659-1732)
- Antoine Dornel (1685-1765)
Chanteurs/Interprètes
- Ensemble Artifices:
- Alice Julien-Laferrière, violon, oisocarina, serinette, la voix de l'Arbre et direction artistique
- Matthieu Bertaud, flûtes, oisocarina, la voix de l'Oiseau et flageolet d'oiseau
- Mathilde Vialle, dessus et basse de viole de gambe
- Thibaut Roussel, théorbe
- *-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*
- Emeline Bayart, récitante
Pistes
- 1.L'Oiseau en cage - L'Oiseau en cage - Graupner
- 2.Ce matin, la fenêtre est ouverte(texte)
- 3.La serinette - La Canada, air de serinette (XVIIIème siècle)
- 4.Mais - Ballet des poussins dans leur coque - Moussorgski
- 5.La solitude - Le chat - Biber
- 6.L'orage(texte)
- 7.Dans l'Arbre - Les Fauvétes plaintives - Couperin
- 8.Coucou! - Cucù - Giamberti
- 9.Un tourbillon d'hirondelles - L'Hirondelle - Daquin
- 10.La poule noire - Poules et coqs - Saint-Saëns
- 11.Comment se faire comprendre? - Les Tourterelles - Hotteterre
- 12.Le coucou, les hirondelles, la poule, les tourterelles... - La Canada, air de serinette (XVIIIème siècle)
- 13.Sonate en imitation des oiseaux - Williams
- 14.Le rossignol (texte)
- 15.La Voix de l'Arbre - Le Rossignol - Biber
- 16.Le violon se met à jouer - Prélude pour les oiseaux - Purcell
- 17.La nuit suivante... - Les Ramages - Rebel
- 18.A la fin de cette troisième nuit - Allegro à l'imitation du chant de plusieurs oiseaux - Orme
- 19.A l'aube le violon s'arrête de jouer - Canaries - Lully
- 20.L'envol - Gigue à l'imitation du coucou, Schwartzkopff
- 21.Un visage riant apparaît par la fenêtre - Canaries - couperin
- 22.Bonus - Devinettes
- 23.Bonus - L'Hirondelle, Dornel
- 24.Bonus - le cygne - Saint-Saëns
Un peu de douceur et de poésie…
Nous aimons les « choses » qui sortent des sentiers battus, ainsi que vous avez pu le découvrir dans nos colonnes avec le disque Barocco et le théâtre musical Mouton. Parfois, il est bon de se laisser glisser vers une douce folie, dans laquelle notre regard d’enfant occupe une place immense et brille de mille feux dans notre cœur.
C’est ce que nous vous proposons en lisant cette chronique qui s’évade des chemins balisés...
A l’image du sapin qui scintille dans nos chaumières, illuminons nos yeux d’une douce sérénité insufflée par les fêtes de Noël qui approchent. Comment s’y prendre ? Comment faire pour oublier un instant les tracasseries de la vie quotidienne ?
Permettez-nous de vous suggérer un antidote poétique. Un remède qui pourrait apparaître comme salvateur en ces temps de « grisaille » …
Son nom
« Le Violon et l’Oiseau ».
Le livret-CD Le Violon et l’Oiseau est un conte musical d’Alice Julien-Laferrière et Matthieu Bertaud, mis en mots par Armelle Bossière.
Le conte est inspiré du programme Le Carnaval des oiseaux où chaque volatile est présenté à la manière du Carnaval des animaux (1886) de Camille Saint-Saëns (1835-1921).
Prescripteur
L’Ensemble Artifices. Non, non, point de poudre aux yeux !
L’Ensemble est créé en 2012 par la violoniste baroque Alice Julien-Laferrière à la suite du travail effectué pour son mémoire Influence de l’imitation dans le langage violonistique, présenté dans le cadre d’un Master de violon baroque au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon (CNSM de Lyon).
La formation est spécialisée dans les domaines de l’imitation ou pastiche et de l’illusion, emblèmes de la musique baroque.
Composition
Fruit d’un savant dosage, le remède résulte de l’assemblage de diverses « molécules artistiques » : la littérature, l’illustration, le chant et la musique. Toutes assemblées dans de subtiles proportions, concourant ainsi au parfait équilibre quel que soit l’âge du patient.
Présentation
Le remède se présente sous la forme d’un livret-CD d’une durée de 36 minutes. Le fascicule est en papier provenant de forêts gérées durablement, démarche pédagogique en vue de la sensibilisation à l’écologie.
Eveil double puisqu’un message de Christian Mayade, vice-président de LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) de Côte d’Or et Saône-et-Loire, conclut le livret: « Toi, jeune enfant, sais-tu que les oiseaux et la joyeuse musique de leurs chants risquent de disparaître, lorsque tu seras adulte, par la faute des humains ? ».
Le livret est richement rehaussé par les illustrations de Victoria Morel, diplômée de l’école de dessin Emile Cohl à Lyon.
L’illustratrice sait capter l’attention des petits comme des grands par ses dessins aux couleurs bigarrées. Elle joue sur les contrastes de valeurs (ou clair-obscur) en opposant des couleurs claires et sombres. Regardons le camaïeu de noir (page de gauche) d’où se dégage le glacis du rideau aux dégradés irisés. Fluidité et transparence donnent vie au mouvement du voilage. La brise vient le caresser. Même le texte frissonne sous l’effleurement. La relative obscurité est « éclairée » par le contraste de qualité, exposé sur la page de droite. Des couleurs dites saturées (opposition de couleurs fortes, vives et/ou lumineuses) s’expriment pleinement : ciel dans un fondu de jaune clair… teintes sémillantes des oiseaux.
Le Violon et l’Oiseau © Ensemble Artifices / Illustrations : Victoria Morel
Arrêtons-nous justement sur les oiseaux… Même si ces derniers sont quelque peu irréalistes voire oniriques, nous apprécions pleinement l’intention de l’illustratrice qui a su leur conférer une physionomie expressive. La matérialité des moyens plastiques vont bien au-delà de la simple représentation. La palette des moyens techniques est riche et variée : utilisation du modelé (jeu d’ombre et de lumière), ombre portée (notamment pour l’oiseau en cage page 2). Les illustrations accompagnent parfaitement l’histoire. Serait-ce l’Eloquence artistique ? Nous vous laissons juge…
Le Violon et l’Oiseau © Ensemble Artifices / Illustrations : Victoria Morel
Mode et voie d’administration
Insérez le CD. Installez-vous confortablement, de préférence en famille. Chose faite ? Fort bien, ouvrez le livret et appuyez sur la touche lecture…
Une voix se fait entendre, celle de la narratrice Emeline Bayart. L’instrument est bien accordé. D’un timbre clair, elle récite l’histoire tel un observateur attentif.
Loin des noirceurs et des perfidies de l’opéra baroque, l’histoire gentillette relate le parcours initiatique d’un oiseau à la découverte de son propre chant. L’oiseau ne connaît que le langage savant, imitant parfaitement les airs que lui apprend sa jeune maîtresse. Par une nuit d’orage, sa cage est projetée au dehors et s’éventre contre un arbre. Confronté aux chants de ses congénères (gazouillis, pépiements, …), il se trouve fort dépourvu. Il ne les comprend pas. Ils ne se comprennent pas ! Il part à la quête de son identité. Lui, l’Oiseau savant, virtuose de l’imitation…
Les séquences narratives s’inspirent, d’une certaine manière, des codes baroques. Tantôt le récit est « sec » à la manière du recitativo secco (forme de récitatif dans laquelle l’accompagnement instrumental est réduit au minimum). Tantôt le récit est accompagné (recitativo accompagnato) par l’ensemble Artifices pour ponctuer ou renforcer le texte. Les différentes modulations vocales donnent vie au récit. Emeline Bayart reformule perpétuellement le tissu narratif l’agrémentant d’accentuations, d’intonations, de jeux déclamatoires et de nuances. Saluons sa belle prestation. L’illusion n’est encore que plus réelle lorsqu’interviennent d’autres voix, celle de l’Oiseau (Matthieu Bertaud) et de l’Arbre (Alice Julien-Laferrière). Apprécions les enrichissements : des onomatopées (coucou, titit, cot cot, …) imitant les chants d’oiseaux, des enregistrements de chants d’oiseaux et des bruitages (orage). Aucune monotonie à déplorer ! Le texte de fiction folâtre avec l’illusion, avec l’imitation. Ah ! Baroque quand tu nous tiens…
Alternant avec le récit, la musique joue un rôle prépondérant. Elle étaie les flots de mots par une tirade musicale, toujours à propos. Défenseur de la musique imitative, l’ensemble Artifices s’inscrit pleinement dans l’esthétique baroque. Saluons la prouesse d’Alice Julien-Laferrière dans Le Chat (1669) d’Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704). Son violon pastiche à la perfection les miaulements d’un chat. Illusion parfaite !
L’Ensemble orne et met en relief le texte par des extraits musicaux. Ainsi, nous entendons L’oiseau en cage (v. 1732) de Christoph Graupner (1683-1760) en préambule du conte, Les Fauvétes plaintives de François Couperin (1668-1733) et L’Hirondelle (1735) de Louis-Claude Daquin (1694-1772). Ou bien encore la Trio Sonata en imitation des oiseaux Op. 1 N° 6 en fa majeur (v. 1700) de William Williams (1675-1701). Imprégnons-nous du discours à la flûte. Matthieu Bertaud y excelle. Langage fluide, d’une douceur angélique, soutenu par le phrasé de Mathilde Vialle à la basse de viole. Elle maintient son rôle de basse continue à la perfection. Notes tirées et filées assurent le continuo. Le travail de l’archet est irréprochable. L’argumentaire se développe également par les notes ailées du théorbiste Thibaut Roussel. Quel chanteur enchanteur !
Compliments renouvelés à l’ensemble instrumental lors de l’Allegro à l’imitation du chant de plusieurs oiseaux (v. 1700) de Robert Orme ( ? -1711).
Si le chant et l’identité de l’Oiseau (celle d’un serein des Canaries) sont révélés, nous découvrons également des instruments peu connus, tels la serinette, « l’oisocarina » (ocarina en terre en forme d’oiseau) et le flageolet d’oiseau (fac-similé de flageolet à pompe, de Charles Joseph Bizey, milieu du XVIIIème siècle.)
La serinette – Le Violon et l’Oiseau © Ensemble Artifices / Illustrations : Victoria Morel
Comme le serein des Canaries, nous arrivons au terme du conte musical. Non « sans y avoir laissé des plumes », si vous nous permettez l’expression ! A l’image de Mouton, l’Oiseau a appris à se connaître, à ne pas se cacher derrière un langage savant ou moins prosaïque, derrière une simple imitation. Fier de son identité, fier de sa liberté, il s’envole…
Le Violon et l’Oiseau © Ensemble Artifices / Illustrations : Victoria Morel
Fréquence d’administration / Durée du traitement
A user sans modération et ce à partir de quatre ans !
En complément du traitement, un bonus est offert avec des devinettes et des chants d’oiseaux à reconnaître.
Effets indésirables
AUCUN
Conseils d’utilisation
Consultez immédiatement toute bonne librairie ou bon disquaire en vue de la délivrance du remède.
Ne cessez le traitement que lors d’une complète guérison atteinte par la douceur et la poésie…
Publié le 18 déc. 2019 par Jean-Stéphane SOURD DURAND