Rencontre avec Hasnaa Bennani
©JBH Photographie BaroquiadeS : Bonjour Hasnaa, et merci d'avoir accepté cet entretien. Pouvez-vous nous dire comment vous est venu le goût de la musique ?
Hasnaa Bennani : Quand j'étais petite à la maison ma mère chantait sans cesse. J'ai chanté dans des choeurs d'enfants, et j'ai commencé à apprendre le violon. Ma soeur était déjà chanteuse et dirigeait un choeur : elle a guidé mes débuts. Vers 15-16 ans j'ai chanté des rôles de soliste. A l'issue d'une de mes interprétations un membre de la coopération culturelle franco-marocaine m'a demandé si je voulais faire des études musicales en France : c'est ce qui m'a décidé à m'engager dans cette voie.
BaroquiadeS : Ainsi vous êtes venue en France très jeune ?
Hasnaa Bennani : Oui, à 17 ans, ce qui ne fut pas toujours facile... J'ai pris des cours avec
Glenn Chambers, que j'avais rencontrée au Maroc lors d'une masterclass. Nous avons préparé le concours du CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique). J'y suis rentrée au bout de six mois, et j'y suis restée quatre ans...
BaroquiadeS : Et ce goût pour la musique baroque ?
Hasnaa Bennani : Après mon prix de Conservatoire j'ai effectué un stage pour monter
Les Indes Galantes, et c'est là que j'ai eu le coup de foudre pour la musique baroque ! Je me suis dit “C'est cela que j'ai envie de faire”.
BaroquiadeS : C'est donc le répertoire français qui vous a conduit vers le baroque à vos débuts. Est-ce toujours votre centre principal d'intérêt ?
Hasnaa Bennani : Oui je conserve une prédilection pour la musique française :
Lully,
Rameau,
Couperin notamment. Maintenant je m'essaie aussi au répertoire italien. Mais cela requiert des efforts d'adaptation, il faut se laisser un peu de temps pour bien s'imprégner de chaque répertoire...
BaroquiadeS : Justement, comment procédez-vous ?
Hasnaa Bennani : J'aime m'approprier les textes, surtout s'ils sont écrits dans une langue étrangère : je les lis et les redis dans leur langue. Pour les textes français, comme ceux de
Quinault, j'aime les reformuler dans un français moderne. Ce n'est qu'ensuite que je lis la partition. Et bien sûr je me documente sur la création de l'oeuvre, son contexte historique et musical.
BaroquiadeS : C'est donc là le secret de votre expressivité ?
Hasnaa Bennani : L'expressivité me vient naturellement avec la lecture du texte, je la contrôle assez peu. Pour certains sentiments comme la colère, je dois faire des efforts, cela me demande un travail psychologique et corporel...
BaroquiadeS : D'où cette expressivité si naturelle qui nous a tant charmés dans le rôle de Corisande...
Hasnaa Bennani : C'est un rôle que j'ai beaucoup aimé, et qui a été très formateur pour moi. La production d'
Amadis était ma première expérience avec
Christophe Rousset et d'autres artistes, que j'aimais et que j'admirais : mes premiers pas dans la cour des grands, en quelque sorte ! J'y ai aussi découvert les contraintes de l'enregistrement.
BaroquiadeS : Vous venez également de sortir un nouvel enregistrement...
Hasnaa Bennani : Oui. Avec l'
Ensemble Stravaganza nous avons voulu faire un récital construit autour du mythe d'Orphée, avec des cantates et un air de cour, en une sorte de fil conducteur qui s'achève sur la chaconne. On tenait tout particulièrement à faire découvrir la cantate d'Ariane, mal connue. J'aime beaucoup la cantate, qui permet tour à tour d'interpréter le narrateur, un personnage, puis un autre : c'est très intéressant à défendre !
BaroquiadeS : Vous avez d'autres projets d'enregistrements dans les prochains mois ?
Hasnaa Bennani : Un autre CD sortira en janvier, avec les
Muffatti, Il s'agit d'un récital
Haendel, autour des airs écrits pour la
Cuzzoni (enfin, une sélection, car il y en a plus de quatre-vingt !). Le programme sera également donné en concert, notamment à Gaveau et à Gand et Anvers en Belgique.
BaroquiadeS : Et côté spectacles ?
Hasnaa Bennani : Je chanterai Belinda, dans
Didon et Enée, avec
Jean-Claude Malgloire et
Véronique Gens, à Tourcoing et au Théâtre des Champs-Elysées, en début d'année 2016. En juin j'interpréterai le rôle de Bérénice, dans le
Scipione de Haendel, au Festival de Halle. Entre les deux je chanterai Oberto dans
Alcina, avec l'
Académie Byzantine, à Monte-Carlo, Toulouse et Versailles.
BaroquiadeS : Quel programme ! Merci Hasnaa, nous ne manquerons pas de vous suivre dans vos prochains concerts.
Publié le 18 déc. 2015 par Bruno MAURY