©Baroquiades Depuis cinq ans, sous la direction artistique avisée de Catherine Kauffmann-Saint-Martin qui a eu l’heureuse initiative de les créer, se déroulent aux portes de Toulouse de magnifiques rencontres musicales. Dans la superbe orangerie du XVIIIème siècle entourée d’un parc à la française dans le goût de Le Nôtre, elle a réussi en quelque vingt concerts, par l’excellence de sa programmation variée et inventive, par le choix éclairé de formations à géométrie variable, de solistes reconnus, d’ instruments et de répertoire alliant le baroque à la musique romantique et contemporaine, à fidéliser un public captif. Les amateurs avides de découvertes se rendent quatre dimanches par an, comme à une fête, dans ce lieu enchanteur qui surplombe le cours verdoyant de la Garonne pour écouter un concert de musique et poursuivre le plaisir musical par la dégustation de vins régionaux et produits de la ferme dans une ambiance chaleureuse et conviviale.
La saison 2014-2015 s’est achevée le 31 mai dernier par un concert original donné par Les Passions qui réunissait Yasuko Uyama-Bouvard, claviorganum, Laurent le Chenadec, basson et Jean-Marc Andrieu, flûtes à bec et direction dans un programme de musique baroque concocté par le directeur et chef d’orchestre de l’excellent ensemble baroque qu’il a fondé en 1986, en résidence à Montauban. Le concert annonçait « Les petits plaisirs de Seicento », titre prometteur qui se plaçait sous le signe séduisant du bonheur musical, celui qu’offre cette période charnière, fertile en inventions, de la fin de la Renaissance à l’orée du baroque, époque marquée par la naissance des formes institutionnelles. En effet, le début du XVIIème siècle voit se développer canzones, sonates, toccatas ainsi que la codification de la chanson ornée à partir d’un thème avec des variations, cet art de la variation qui est l’aboutissement d’un procédé d’écriture qui remonte au chant grégorien et s’est développé au Moyen Age.
Le programme, essentiellement italien, axé autour du répertoire de trois foyers musicaux très actifs, Venise, Milan, Rome, offrait des compositeurs passionnants à découvrir dont Tarquino Merula (1595-1665) reconnu comme un novateur, en particulier dans le domaine de la musique sacrée, considéré comme faisant partie de l’école baroque vénitienne ; Giovanni Battista Spada da Faenza (1516-1590) dont la pièce, amorcée au basson, ornemente une oeuvre de Cipriano da Rore, datée de Venise 1609 ; Claudio Merulo (1533-1604), maître dans le style polyphonique vénitien, qui tint l’orgue de Saint-Marc de Venise et mourut à Parme ; Girolamo Frescobaldi (1583-1643), organiste à la basilique Saint-Pierre de Rome, compositeur de musique sacrée et profane, madrigaliste de renom, connu à travers toute l’Europe ; le Milanais Giovanni Paolo Cima (vers1570-1622) qui a laissé de belles Sonate da Chiesa ; l’Espagnol Bartolomeo de Selva y Salaverde (environ 1595-après 1638), compositeur de canzones et virtuose de la dulciane, ancêtre du basson. Tant par la qualité musicale des trois interprètes complices, totalement investis dans cette musique dont ils ont porté haut les couleurs et les accents que par le projet artistique des œuvres présentées, ce concert apportait la note finale d’une édition aux riches résonances musicales.
La saison 2015-2016 s’annonce toute aussi réjouissante. Le prochain rendez-vous à l’Orangerie de Rochemontès a lieu le dimanche 8 novembre à 16h30. Aline Zylberajch et Martin Gester, clavecin et orgue, sont les musiciens invités. Reconnus et admirés pour leurs interprétations des œuvres des XVIIème et XVIIIème siècles, ils joueront en duo dans un programme allemand de J.S. Bach à Mozart et italien (Vivaldi, Scarlatti) intitulé « Fantaisies concertantes pour orgue et clavecin ». Martin Gester, fondateur et directeur musical de l’ensemble de grand renom Le Parlement de Musique, également organiste raffiné, sera également à l’honneur le samedi 7 novembre à 20h30 à Cintegabelle en partenariat avec « Concert à l’Orangerie de Rochemontès ». Il exécutera la magnifique Messe du Livre d’orgue de Nicolas de Grigny (1672-1703) à l’orgue historique et réputé de cette église pleine de charmes baroques, à quelques encablures de Toulouse.
De rares moments musicaux à ne pas manquer, des dates à retenir.
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