Rinaldo - Haendel
© Afficher les détails Masquer les détails Date: Le 10 févr. 2016
Lieu: Théâtre des Champs-Elysées - Paris
Programme
- Rinaldo
- Georg Friedrich Haendel (1686-1759)
- Opera seria en trois actes, HWV 7a
- Livret de Giacomo Rossi, d’après La Jérusalem délivrée du Tasse
- Créé le 24 février 1711 au Queen's Theatre d'Haymarket
- Version de concert
Distribution
- Franco Fagioli (Rinaldo)
- Julia Lezhneva (Almirena)
- Karina Gauvin (Armide)
- Daria Telyatnikova (Godefroy)
- Andreas Wolf (Argante)
- Terry Wey (Eustache)
- Il Pomo d’Oro
- Direction : Stefano Montanari
Combat de titansInspiré d’un épisode de
La Jérusalem délivrée du
Tasse,
Rinaldo est l'histoire passablement emmêlée d'un chevalier qui vient délivrer Jerusalem...
Rinaldo fut le premier opéra de Haendel présenté à Londres. Créé le 24 février 1711, il connut un succès très important qui assura la renommée du compositeur et la domination de l'opéra italien sur la scène londonienne pour de nombreuses années. Écrit paraît-il en deux semaines, son succès fut entre autres garanti par une mise en scène extravagante (de vrais oiseaux peuplaient le jardin d'Armide qui faisait son entrée sur un char tiré par des dragons....). Empruntant de très nombreux airs à des œuvres antérieures,
Rinaldo est une sorte de vaudeville sérieux ou d'opéra séria farfelu qui mêle magie, sérieux, comiques de situation et numéros héroïques.
La faiblesse essentielle de la représentation en version de concert au TCE tenait à l'orchestre et plus précisément à sa direction. Mettant en avant une lecture
savante de l'œuvre qui est comme disséquée par sa direction,
Stefano Montanari ne parvient pas à susciter l'émotion et nous livre un
Rinaldo plat, voire ennuyeux à de nombreuses reprises. Si le continuo est de toute beauté et s'il faut saluer le travail des soli de trompettes et de basson, cette direction n'était pas, et loin s'en faut, convaincante.
C'est d'autant plus dommage que la distribution vocale était tout à fait à la hauteur.
Karina Gauvin est une formidable Armida, parfaitement à l'aise dans un personnage qu'elle incarne dès son entrée avec le
Furie terrible ou dans
Vo'far guerra ou dans son duo avec Rinaldo comme dans le duo avec Argante. A l'évidence, elle s'amuse et prend plaisir à vocaliser, à fulminer avec son timbre clair et limpide.
Franco Fagioli est un Rinaldo impeccable, très engagé dans son interprétation, et qui possède les moyens du héros baroque. L'aigu est rayonnant, même si le recours au suraigu semble plus prudent que d'habitude et l'exposition des couleurs toujours aussi fascinante.
Cor ingrato et
Cara sposa sont bouleversants, quand
Venti, turbini et
Or, la tromba sont époustouflants de virtuosité et de puissance, notamment, dans ce dernier air, dans le dialogue-combat avec les quatre trompettes.
Julia Lezhneva est une élégante Almirena mais le
Lascia ch'io pianga était plus mécanique que bouleversant et, d'une façon plus générale, la soprano ne m'a pas semblé pouvoir développer ses superbes talents de technicienne dans ce rôle d'Almirena, ni d'ailleurs imposer sa partie dans l'affrontement Gauvin-Fagioli, qui l'éclipse. En revanche, l'Argante d'
Andreas Wolf a constitué une très belle surprise de cette soirée. D'emblée impressionnant de plasticité et de richesse de couleurs dans le virtuose
Sibillar gli angui d'Aletto il construit tout au long de l'œuvre un personnage intéressant, particulièrement bien servi par son timbre chaud et une technique solide.
Darya Telyatnikova est à l'évidence mal distribuée dans le rôle de Goffredo qui est trop grave pour elle et la rend inaudible. Enfin, l'Eustazio de
Terry Wey n'est pas inintéressant mais si le contre ténor possède un timbre poétique il manque trop d'agilité, en dépit d'une bonne projection.
Publié le 14 févr. 2016 par Jean-Luc IZARD